A&G l'alcool

Publié le par Doc76

Si la consommation d’alcool baisse en France, il reste que 6 % des femmes ont consommé plus que le seuil recommandé soit 2 verres pour les femmes . L’alcool représente 3 % des décès chez la femme.

On estime qu’1/5 des femmes de 35 à 54 ans hospitalisées en 2000 sont concernées par une alcoolisation excessive.

Les résultats du baromètre santé nutrition en 2002 révèlent que 27% des femmes de 18 à 75 ans déclarent avoir consommé de l’alcool (2 verres en moyenne) dans la journée précédant l’enquête.

D’après l’Expertise collective de l’INSERM intitulée « Alcool, effets sur la santé » (2001), 700 à 3000 enfants sur les 800 000 naissances annuelles sont susceptibles d’être concernés par un Syndrome Alcoolique Foetal (SAF) grave, avec un taux plus élevé sur l’île de la Réunion, dans le Nord Pas-de-Calais et en Bretagne. D’autres estimations rapportent une survenue du SAF de 0,97 pour 1000 naissances atteignant 43 pour 1000 lorsque l’alcoolisation est importante, c’est à dire supérieure à cinq verres par jour.

Dans l’enquête nationale périnatale de 1995 (Blondel et coll.,1996 4 ), 5 % des femmes interrogées en maternité, après l’accouchement, déclaraient consommer au moins un verre d’alcool par jour pendant la grossesse; en 1998, ce pourcentage régressait pour atteindre 3,9 % (Blondel et coll.,1999 5 ).

On estime que 5 à 6 % des femmes enceintes consomment de l’alcool. En cas de grossesse, le retentissement fœtal est fréquent :10 à 20% des fœtus exposés sont atteints.

L'alcoolisation foetale est la première cause non génétique d'handicap mental chez l'enfant.

Or 17% des 15-24 ans, 13 % des 25-34 ans et 18 % des 35-49 ans ignoraient la recommandation d’abstinence durant une grossesse. La campagne « Zéro alcool pendant la grossesse » associé à un pictogramme ont permis de sensibiliser nombre de français, puisque 47 % des Français estiment que les risques pour le fœtus commencent dès le premier verre, contre seulement 25 % en novembre 2004.


Par une enquête alimentaire simple, il est important de repérer une éventuelle de consommation d’alcool même en l’absence de signes de dépendance ou de troubles du comportement.

Ce dépistage, (voir Annexe 18), qui pour être utile doit être fait dès que le désir d’avoir un enfant est émis, concerne les habitudes alimentaires, les boissons consommées lors des repas mais aussi lors de réceptions, de soirées ou de week-end festifs.

La simple reconnaissance de la consommation d’alcool doit inciter à dialoguer sur ce thème avec votre praticien, votre gynécologue et amener à cesser toute consommation.

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Rappel : 1 gr d’éthanol apporte 7 kcal.
Il y a autant d’alcool dans un verre de vin, de bière, un apéritif, un digestif ou une coupe de champagne c’est à dire entre 8 à 12 g d’alcool pur.

Si vous voulez connaître, de façon très précise, le nombre de gramme d’alcool dans une boisson alcoolisée, multipliez le volume bu en ml par le degré d’alcool et par 8 puis divisez par 1000.

Une coupe de champagne de 100 ml délivre 9,6 g d’alcool.

L’ingestion d’un verre quel qu’il soit fait monter l’alcoolémie assez rapidement avec un taux maximum en une demi-heure si la prise d’alcool se fait à jeun et une heure si elle a lieu au cours d’un repas. L’augmentation de l’alcoolémie est en moyenne de 0,30g/l pour chaque verre chez une femme de 50 kg. Le taux d’alcoolémie baisse par la suite lentement de 0,15 g par heure : il faut 2 h pour éliminer un verre d’alcool.

 

L’alcoolisation maternelle et fœtale, dès deux verres de vin par jour, entraîne plus fréquemment : avortements spontanés, prématurité, mortalité périnatale et reste une cause prépondérante de retard mental d’origine non génétique.

 

 

L'alcool, qui est un toxique, traverse la barrière placentaire. Le système enzymatique de détoxication de l’alcool (alcool déhydrogénase) est faiblement actif au deuxième mois de vie entraînant des concentrations d’alcool dans le liquide amniotique identique à l‘alcoolémie maternelle mais nettement plus prolongée avec une élimination plus lente dans le liquide amniotique ce qui induit une seconde intoxication lors de l’ingestion du liquide amniotique par le foetus.

L’atteinte neuronale, variable selon le taux d’imprégnation du fœtus et le moment de son exposition à l’alcool, comporte :

- une diminution de la multiplication des neurones et une altération de leur migration ,

- de mauvaises connexions entre les synapses des neurones ,

- la mort d’un nombre plus important de neurones,

- un retard à l’établissement des gaines de myéline qui accélèrent la transmission des influx nerveux,

- comme dernière conséquence, un poids de cerveau diminué.

 

Les conséquences pour le fœtus sont résumées dans le tableau ci dessous :

Chez le nouveau-né:

Les caractéristiques cliniques typiques du syndrome d’alcoolisme fœtal (1,5 à 3,5 pour mille naissances par an en France) ne sont pas toujours faciles à dépister, en particulier dans les cas légers :

- Retard de croissance harmonieux, dont l’importance varie selon la dose ingérée, touchant à la fois la taille, le périmètre crânien et le poids (diminution de 80 g au minimum pour une consommation de 1 à 2 verres par jour et 160 g pour 3 verres et plus par jour).

- Microcéphalie avec un front bombé étroit,

- Fente oculaire étroite, rides aux coins des yeux,

- Oreilles basses décollées,

- Pont nasal profond,

- Nez court et aplati,

- Lèvre supérieure fine convexe,

- Absence de couloir entre la lèvre supérieure et le nez (philtrum),

- Développement mandibulaire anormal micrognathie ou rétrognathie.

 

D'autres traits sont moins communs: ptosis, strabisme, microphthalmie, rotation postérieure des oreilles, fente palatine ou labiale. Parmi les autres caractéristiques physiques, on trouve des anomalies au niveau cardiaque, au niveau des organes sexuels, des reins, ainsi que des extrémités et du squelette, des hernies diaphragmatiques, ombilicales ou inguinales.

La consommation au premier trimestre serait plutôt responsable de la dysmorphie (modification faciale) et du risque malformatif, alors que le risque de trouble du comportement existe toujours car le développement du cerveau dure tout au long de la grossesse et reste vulnérable à l’influence de l’alcool.

 

Caractéristiques neuro-comportementales associées au syndrome d’alcoolisme fœtal:

- sommeil réduit et perturbé,

- tremblements corporels,

- allongement des temps de réaction et peu de réponses rapides (persistant à l'âge de 6 mois),

- retard psychomoteur chez les nourrissons (persistant à 1 an)

 

Chez l'enfant, le syndrome d’alcoolisme fœtal se traduirait par des caractéristiques telles que:

- hyperactivité,

- retard dans le développement mental (12%),

- troubles de l’audition,

- difficultés d'attention, d'apprentissage : troubles du langage (30%), lecture, écriture,

- motricité fine entravée, trouble de la coordination,

- difficultés d'adaptation à de nouvelles situations,

- troubles de l'alimentation,

- anomalies de l'électroencéphalogramme (qui mesure l’activité électrique du cerveau),

- difficultés à retrouver un état émotionnel normal après un stress émotionnel (35%),

- comportements agressifs accrus (inhibition sociale réduite),

- comportements impulsifs, plus grande tendance à la morosité et à la dépression,

Il a été démontrée durant la grossesse que la consommation répétée plusieurs fois par mois de 3 verres d’alcool et plus en une seule fois majore la possibilité de voir se développer une dépendance à l’alcool chez l’adolescent. Ceci est d’autant plus marquée que la consommation se fait en début de grossesse. De même, on constate que 60 %des enfants atteints du syndrome d’alcoolisation fœtale développent une dépendance ultérieurement.

 

La prévention passe par la détection précoce de la consommation d’alcool afin d’éviter les malformations structurales du premier trimestre, les anomalies neuronales et le retard de croissance intra-utérin qui sont le fait d’une consommation durant les deux derniers trimestres de grossesse. Si l’abstinence semble impossible, il ne faut pas se décourager et tendre vers la consommation la plus faible possible plutôt que d’observer des périodes d’abstinence puis d’alcoolisation massive encore plus néfastes pour le fœtus.

Un interrogatoire et une information systématique sont donc nécessaires en début de grossesse.

 

En conclusion,

Il faut se rappeler que, malgré son statut de substance récréative, l’alcool est le produit d’addiction le plus dangereux pour le fœtus. Le pronostic à long terme des enfants exposés in utero à l’alcool est très défavorable avec une relation dose/effet mais une susceptibilité individuelle variable.

L’alcoolisation fœtale constitue la première cause de déficience intellectuelle de l’enfant en France ; il est aussi responsable de troubles graves de l’attachement mère-enfant, de troubles de la socialisation, de comportements agressifs, délictueux et addictifs.




Il vous est donc recommandé de vous abstenir de consommer de l'alcool.



En pratique :

2 heures pour éliminer un verre d’alcool ; l’alcool passe la barrière placentaire et altère la bonne mise en place des structures cérébrales du fœtus engendrant un syndrome d’alcoolisme fœtal.

Le degré d’altération est fonction du niveau de consommation :

- 30 g par jour soit trois verres entraîne un retard de croissance intra-utérin, possiblement un syndrome d’alcoolisme fœtal,

- Moins de 30 g par jour : pas de retard de croissance intra-utérin, absence d’anomalies physiques mais un retard du développement intellectuel avec un QI inférieur de 7 points, un déficit fonctionnel (motricité fine) et des troubles du comportement.
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